TOMBE
ll est parti ... Toutes les belles choses sont parties.
Dernièrement, j'ai visité mon père. Après, j'ai passé à la Faculté de Lettres à Dhar El Mahraz. Je n'ai pas eu le courage d'y accéder, mais quand je suis rentrée chez moi, détruite entre les souvenirs, le manque et le chagrin, je me suis endormie pour cesser de penser, je l'ai vu dans mon sommeil.
Il était très heureux, et m'a affirmé qu'il était à la fac, et qu'il était heureux de m'avoir vu.
D'habitude, je donne peu d'importance à ce que je vois pendant mon sommeil.Pour moi, c'est la production de mon inconscience ni plus, ni moins. Je ne donnais même pas beaucoup d'importance à la visite des tombes. Ou plutôt, pour être honnête, je ne suis pas très courageuse pour le faire. Je refuse d'accepter que mon père soit devenu tout simplement une tombe, une terre, de la poussière?
L'idée de la tombe, me fatigue.
Je n'ai jamais trouvé d'explications aux visites des tombes, encore moins pour celle de mon père.
Mon père n'est pas une tombe sur laquelle son nom est gravé.
Cette fois-ci je me suis focalisée sur ce nom : Driss El Mansouri. Normalement, ça devrait être Mansouri. Est-ce que ça a vraiment de l'importance?
Sans ou avec "EL" il est parti. Il ne compte pas revenir. Il est parti, je ne sais pas où, mais sûrement pas sous cette terre.
Cette visite, et ce que j'ai vu pendant mon sommeil, les deux choses auxquelles je n'ai jamais cru, m'ont beaucoup marqué cette fois-ci.
M'a-t-il vraiment vu?
Joyeux anniversaire PAPA ...
En 1949, le 19 juin était un jour merveilleux. Il y a maintenant 63 ans.
Je n'étais pas encore là, mais ce jour a dù marquer toute ma vie.
Dans l'ancienne Médina de Fès, ma grand-mère, que Dieu lui donne une longue vie, avait donné naissance à un Fils, son premier fils précédé par deux jeunes filles.
La joie était certainement énorme, un nouveau Mansouri dans la famille, on l'avait nommé Driss.
Driss Mansouri, à son tour, le 2 Aout 1987, m'a donné une partie de lui, pour m'offrir la vie.
Depuis ce jour là, il n'a jamais cessé de me rendre heureuse. Il m'a donné la vie, l'amour, la joie et beaucoup plus qu'un père pourrait donner à sa première fille.
En 2009, j'ai décidé de partir. D'ailleurs on avait décidé tous les deux, lui et moi, de me laisser battre avec mes propres ailes.
J'ai quitté le foyer parental, pour continuer mes études à Paris.
Il m'a accompagné au début de cette nouvelle vie, il m'a encouragé à vivre une nouvelle vie, de connaitre une nouvelles culture, de rencontrer d'autres gens, d'apprendre à être plus indépendante, débrouillarde ... Mais il ne m'a jamais quitté, lui au Maroc, moi en France, mais on parlait tout le temps au téléphone.
Il n'a jamais manqué un jour, de me téléphoner le Matin pour me réveiller, et de me rappeler le soir pour me demander comment était-ce ma journée.
On a décidé de se séparer, mais à vrai dire, on a mal vécu cette séparation. On était beaucoup plus attachés l'un à l'autre que la distance nous faisait souffrir.
Il venait chez moi 2 à 3 fois par an, je rentre chez lui 3 fois par an ou plutôt dés que je trouvais un billet d'avion pas trop cher.
Le 5 Mars 2012, il m'a quitté pour de bon, sachant que nous n'allons plus jamais nous revoir, il avait la peine de me le dire, il m'a demandé de vivre, de rire, de sortir, de ne pas rester enfermée. Il a dit que notre séparation est une étape de la vie. On s'est éloigné une deuxième fois mais sans laisser ni adresse, ni numéro de téléphone.
Je compose toujours son numéro de téléphone, sur l'écran de mon portable, il s'affiche son nom :" Papa Chéri" mais il ne répond jamais.
Je sais qu'il ne répondras plus jamais, mais aujourd'hui j'ai besoin de lui dire Joyeux anniversaire papa comme chaque année.
Je sais que je suis la seule qui se rappelle de son anniversaire, j'étais toujours la première et la seule qui lui souhaitais joyeux anniversaire.
Même pour lui, ce jour passait comme n'importe quel autre jour, il ne donnait pas d'importance au jour de sa naissance, il l'oubliait par habitude ou peut être parce qu'il n'a jamais pensé à lui, il ne pensait qu'à nous, sa famille, il ne pensait qu'à moi.
Le 19 juin 1949, est officiellement le plus beau jour de ma vie, je le fêterais à ma façon chaque année, je te souhaiterais papa chaque année un joyeux anniversaire.
63 ans mon père, C'est encore jeune, tu m'as quitté trés tôt !
Liliwa l7liwa